La condition d’épouse ou de mère a un impact direct sur l’insertion sociale des femmes. C’est majoritairement et en grande partie les femmes qui assument les tâches ménagères, le soin aux enfants et leur suivi éducatif. Cet état de fait entraîne, pour les femmes, plus de travail à temps partiel, et donc de la précarité. Cette réalité génère des contraintes encore plus importantes pour les femmes issues des immigrations, notamment lorsqu’elles sont dans le processus de ré-enracinement qui leur demande de fournir de grands efforts et de mobiliser des ressources économiques, sociales et culturelles appropriées.

L’insuffisance de ces ressources vulnérabilise d’autant plus les femmes face au cumul des méfaits du sexisme et du racisme ou d’autres discriminations. Or, la lisibilité des situations de cumul ne va pas de soi. En effet, l’ancrage fort ancien des codes sexistes fait passer les inégalités de sexe comme « naturelles », et ces inégalités sont par ailleurs renforcées par les justifications culturelles et religieuses des codes sexistes. Ce type de position peut se retrouver dans l’entourage familial ou communautaire des femmes (par exemple, chez des maris s’opposant à l’autonomie de leurs épouses), mais il peut aussi influencer le regard et le comportement des acteurs et actrices de la société d’accueil. Par exemple, lorsque des femmes immigrées se voient proposer un emploi non en rapport avec leurs compétences ou expériences, mais en fonction des compétences supposées « naturelles » à leur origine et à leur sexe. Il arrive que des représentations stigmatisant les personnes en raison de leur appartenance sociale se surajoutent aussi et viennent alourdir les conséquences du cumul des discriminations sur le parcours des femmes concernées.