Les images représentant les femmes issues des immigrations comme un groupe homogène composé d’individus interchangeables sont largement répandues dans les approches racistes pour justifier l’infériorisation de ces dernières selon certains critères (ethniques, physiques, culturels, religieux…). Ces stéréotypes servent par ailleurs des visions communautaristes qui transforment l’appartenance communautaire en une identité globalisante pour la plaquer sur chaque membre de cette communauté au nom de l’ordre culturel et religieux, ce prétexte légitimant à son tour des traditions sexistes à l’origine de violences et de discriminations. Ne pas prendre en compte cette dérive peut conduire à justifier des traditions patriarcales encore en vigueur dans les pays d’origine au nom de la diversité culturelle et religieuse et de la lutte contre le racisme. Ce genre d’attitude contribue au développement des communautarismes, et ce au détriment des droits des femmes.
Face à cela, il est indispensable de comprendre la différence entre appartenance communautaire et communautarisme.
Appartenir à une communauté, c’est entretenir des relations fondées sur un lien commun (origine, langue, territoire de vie, croyance, conviction, goût, etc.), chaque individu pouvant expérimenter plusieurs liens de ce type au cours de sa vie. Dans cette perspective, les communautés peuvent être des lieux de rencontre, de solidarité et de partage, et donc jouer un rôle positif contre l’isolement. Les immigré·es peuvent s’y ressourcer, en même temps que la communauté leur offre un lieu de création tourné vers des richesses culturelles spécifiques.
Tout à l’opposé, le communautarisme transforme des liens communautaires en une identité immuable qui restreint les droits et les libertés individuelles. Il tend à gommer la pluralité des individus et des groupes composant les communautés, et favorise ainsi des identités fermées. Ce repli identitaire s’accompagne d’un contrôle des opinions et des comportements des membres de la communauté. Dans ce cas, étant donné le rôle assigné aux femmes en tant que mères-gardiennes des traditions, le développement du communautarisme menace directement leurs droits.
De nombreuses situations-problèmes repérées par des intervenant·es sociaux font part de la restriction des droits et de l’exercice des violences envers les femmes sous prétexte de respect des codes culturels et religieux censés préserver l’honneur du groupe familial ou communautaire. Ces situations très diverses (aussi bien des mariages forcés que la remise en question de la mixité femmes-hommes dans l’espace public) traduisent une volonté de contrôle du corps et de la sexualité des femmes, en particulier des plus jeunes, pour annihiler leurs droits les plus élémentaires.
L’essor des idéologisations religieuses agit en faveur de ces phénomènes.