Premier point
Il est essentiel de ne pas omettre que le sexisme n’est pas une discrimination comme une autre. Françoise Gaspard rappelle ce point important à propos de la notion de double discrimination : « La notion de double discrimination « permet de souligner la spécificité de la situation des femmes. Mais, elle est insuffisante pour traquer tous les ressorts de la domination afin de pouvoir les combattre ». Car, « le sexisme a cette particularité d’être présent dans tous les groupes et catégories et jusque et y compris dans les relations domestiques » (F. Gaspard, Lutter conjointement contre le sexisme et le racisme, 2001). Cette remarque est valable pour toutes les notions spécifiques employées à propos de l’entrecroisement du sexisme et du racisme ou d’autres formes de domination et de discrimination.
Deuxième point
L’approche intersectionnelle, dans l’acception qui met en avant l’articulation des identités/inégalités, aboutit à minimiser le sexisme au prétexte d’une prise en compte des oppressions liées aux autres facteurs (classe sociale, appartenance supposée raciale, origine nationale ou ethnique…). Ce relativisme alimente des controverses, notamment dans le champ des violences sexistes et sexuelles (par exemple, lorsqu’un viol ou des violences sont commises par un homme en position sociale subalterne, qu’il soit immigré, colonisé, victime de racisme, etc.).
Troisième point
Le fait de percevoir les valeurs universelles des droits humains comme le fruit de l’Occident colonisateur conduit à oublier les luttes sociales et politiques qui ont rendu possible l’affirmation de ces valeurs. Cette perception réductrice produit, par ricochet, des effets nuisibles dans la lutte contre les discriminations et les violences liées au sexe. Ainsi, le fait de réduire le féminisme égalitaire à une propriété privée de « femmes blanches » revient non seulement à diviser les acteurs et actrices des droits des femmes, mais agit, involontairement, en faveur de visions qui infériorisent les « non-Occidentaux » dont les valeurs seraient imperméables aux droits humains et à l’égalité de sexe.