L’exil et immigration impliquent d’importants efforts d’intégration dans un nouveau pays, pour y prendre place. Sur ce chemin, plusieurs difficultés peuvent freiner les élans ou faire obstacle aux initiatives des personnes concernées. Dans le cas des femmes, le sexisme peut accentuer ces difficultés. Des intervenant·es sociaux soulignent à ce sujet les situations suivantes.
La non-maîtrise de la langue française
- pour des femmes vivant dans des environnements où les possibilités d’apprentissage du français n’existent pas ou très peu ;
- pour des femmes dont les horaires de travail ne s’accordent pas aux horaires des cours proposés ;
- pour des mères qui assument seules leurs responsabilités parentales, sans soutien familial ni connaissances suffisantes de leur nouvel environnement ;
- pour des femmes dont les époux, se méfiant de l’autonomie et de la liberté des femmes, leur refusent le droit d’apprendre la langue de leur nouveau pays ou y opposent des conditions restrictives.
La charge psychologique liée à l’éloignement
- pour des femmes dont la migration provoque la rupture des liens affectifs et des réseaux de sociabilité sans possibilité de développer une nouvelle vie active ;
- pour des femmes réfugiées ayant vécu des traumatismes liés à la répression, à la guerre et aux violences subies sur les routes de l’exil ;
- pour des femmes en situation irrégulière dont la précarité administrative accentue les pesanteurs psychologiques de l’éloignement.
Le manque de réseaux relationnels, le risque d’isolement ou d’enfermement communautaire
- pour des femmes coupées de leurs proches et confrontées à un environnement inconnu et indifférent, ainsi privées des moyens de développer leurs projets personnels ;
- pour des femmes qui se retrouvent dans des environnements essentiellement composés de personnes et de familles originaires de leurs propres pays ou communautés. Une telle situation entrave parfois l’ouverture à la société d’accueil et génère, dans certains cas, un contrôle communautaire allant à l’encontre de l’autonomie individuelle, en particulier pour des femmes n’ayant pas une activité en dehors de leurs foyers.
La déqualification des femmes diplômées ou ayant des compétences professionnelles
Notamment pour des femmes immigrées et exilées dont les difficultés propres à la condition migratoire les empêchent d’exercer leurs compétences, ou les contraignent à de longues périodes de chômage. En plus du manque de ressources, notamment dû à la faible maîtrise du français, à l’isolement et à l’absence de réseaux relationnels, ces femmes se confrontent à de grandes difficultés pour faire reconnaître leurs savoirs et savoir-faire, ce qui les oblige fréquemment à subir des déqualifications.