L’égalité de sexe et les droits des femmes sont d’excellents sujets pour démontrer que les cultures ne sont pas des univers figés et qu’elles évoluent en interaction avec le social et le politique. En France, l’accès des femmes à des droits égalitaires a résulté de luttes sociopolitiques réclamant l’instauration de valeurs démocratiques et laïques ; et ces luttes qui ont toujours cours contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles rencontrent des oppositions au sein même des populations majoritaires.
Par conséquent, il importe d’éviter les erreurs suivantes :
⇒ Penser que les Françaises dites « de souche » seraient à l’abri du sexisme, alors même que de nombreuses actions collectives sont encore fortement nécessaires pour mettre à mal les les violences et les discriminations sexistes.
⇒ Tout expliquer par le culturel, car une telle approche gomme le rôle des facteurs sociaux, psychologiques et politiques qui interagissent avec le culturel et multiplient ainsi les interprétations dont le culturel peut faire l’objet.
⇒ Ne pas prendre en compte que l’adoption des codes démocratiques s’opère à travers la construction d’une posture d’acteur et actrice de la société environnante ; ce qui requiert la création de liens, à laquelle font obstacle les situations d’isolement, d’enfermement et de logiques d’« entre-soi ». De même, les conditions incitant à la ghettoïsation et aux communautarismes peuvent favoriser un retour régressif aux normes anti-démocratiques.
⇒ S’imaginer que les cultures des pays d’origine des immigré·es sont sexistes par essence et donc immuables. En réalité, dans ces pays aussi, les droits des femmes font l’objet de luttes plus ou moins visibles qui mettent au défi les traditions patriarcales.
⇒ Omettre l’écart existant entre les pays qui reconnaissent les codes démocratiques relatifs à l’égalité entre les femmes et les hommes et les pays qui ne les reconnaissent pas. En effet, l’instauration des valeurs de l’égalité de sexe et de la liberté sexuelle influence l’évolution des codes éducatifs au sein des familles et de l’école et, de ce fait, infléchit aussi progressivement les regards et les comportements individuels. Dans le cas des populations immigrées, le contexte des pays d’origine n’est pas sans effet sur les codes éducatifs et les conduites des individus et des groupes.