Les réalités du cumul du sexisme, du racisme et d’autres types de discriminations revêtent un caractère systématique. On entend par ce terme « cette somme de petites décisions, de comportements ou d’appréciations qui, enchaînées et répétées de façon routinières, quasiment invisibles, forment un système dense d’actes discriminatoires et empêchent l’accès plein et entier à la jouissance des droits d’individus définis par leur appartenance à une classe, une « race » ou à un sexe » (Patrick Simon, 2004) (1).

Les observations des intervenant·es sociaux à ce sujet rejoignent les constats des enquêtes : par exemple, l’enquête Trajectoires et Origines révélant « un excès de chômage chez les immigrés et fils et filles d’immigrés originaires du Maghreb par rapport aux personnes nées en France métropolitaine de parents français, qui n’est pas expliqué par leur situation socioéconomique (âge, niveau d’instruction, etc.). Le sentiment de discrimination dans l’accès à l’emploi exprimé par les enquêtés est cohérent avec les données « objectives » : plus la personne au chômage « devrait » être en emploi au vu de ses caractéristiques, plus elle répond positivement aux questions sur les ressentis de discrimination. Ce résultat indique que les enquêtes qualitatives sur les ressentis sont complémentaires des mesures « objectives » des inégalités et apportent une information simple et fiable pour l’étude des discriminations dans la société. » Et pour les femmes, décrire leur situation par rapport à l’emploi s’avère plus complexe que pour les hommes, « car aux positions de salariat à temps complet, d’études ou de chômage, il faut ajouter le temps partiel et l’inactivité. » (2)

D’autres types de discriminations (liés à l’âge, au handicap, à l’orientation sexuelle, aux croyances, au milieu social d’appartenance) peuvent s’articuler avec le sexisme pour désavantager encore plus les femmes concernées. Ainsi, un rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes démontre le renforcement, dans les quartiers fragilisés, des inégalités touchant les femmes, ainsi que le lien étroit entre fractures territoriales et inégalités sociales et sexuées. Les observations de ce rapport informent sur l’interaction des logiques ségrégationnistes et discriminatoires qui agissent pour faire obstacle à leur accès aux droits et à la citoyenneté (3).

(1)

Simon Patrick, « Le rôle des statistiques dans la transformation du système de discrimination », Confluences Méditerranée, 2004/1 (N° 48), p. 25-38. DOI : 10.3917/come.048.0025. URL : https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2004-1-page-25.htm

(2)

Voir le numéro 546, juillet/août 2017, Population & Sociétés, bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/26753/546.population.societes.juillet.aout.2017.immigration.chomage.fr.pdf

(3)

Voir Combattre maintenant les inégalités sexuées, sociales et territoriales dans les quartiers de la politique de la ville et les territoires ruraux fragilisés, Rapport n°2014-06-19-EGAliTER-012 publié le 19 juin 2014 : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000357.pdf