En raison de leurs origines et trajectoires migratoires, les personnes issues des immigrations, hommes et femmes, se confrontent aux méfaits du racisme et des discriminations liées à la « race » et à l’origine (réelle ou supposée). Les cas décrits ci-dessous renseignent sur les situations-problèmes repérées par des intervenant·es sociaux. Ils ne sont pas exhaustifs, mais constituent des exemples significatifs.

Accès aux droits et à la citoyenneté

Discriminations au faciès, au patronyme et aux appartenances culturelles et cultuelles

De telles discriminations entravent l’accès égalitaire des personnes aux droits dans divers domaines de vie. Ainsi qu’en témoignent des professionnel·les, elles peuvent désavantager des candidat·es dans l’obtention d’un emploi ou d’un logement, qu’elles que soient par ailleurs leurs compétences et leurs sources de revenus. Les conséquences néfastes de ces discriminations sont renforcées par leur cumul avec des inégalités sociales et d’autres types de discriminations. Elles affectent non seulement l’intégration des personnes immigrées et réfugiées, mais ont également un impact négatif sur la vie de leurs descendant·es.

Dans le cas des femmes, le sexisme s’articule à ces discriminations, sans pour autant faire l’objet d’une attention particulière. Cela s’explique par la normalité dans laquelle s’inscrivent les préjugés et les attitudes sexistes, le sexisme se répandant bien au-delà des populations immigrées. De plus, les images stéréotypées des femmes selon leurs « cultures » et « pays » d’origine font écran à une juste considération de leurs envies d’autonomie et de leurs ambitions individuelles.

Des statuts personnels fondant l’inégalité de sexe

Les codes de statuts personnels régissent la vie privée de chaque individu, mais ceux de certains pays légitiment les inégalités entre les femmes et les hommes. Ainsi, les codes des pays du Maghreb et de certains pays d’Afrique subsaharienne, fondés sur la loi religieuse, favorisent juridiquement les hommes dans les relations familiales, parentales et conjugales en matière d’héritage, de mariage, de divorce, de répudiation, de polygamie, de filiation.... Alors même qu’ils vivent en France, des hommes s’adressent donc aux instances de leurs pays d’origine pour régler des situations ayant trait à ces domaines. Ils profitent de leur avantage pour retirer des enfants à leurs mères, divorcer aux dépens des épouses, ou les répudier sans aucun droit. Or, du fait de conventions bilatérales signées entre la France et ces pays, ces décisions prises à l’étranger peuvent être transposées et appliquées en France : des femmes se trouvent ainsi démunies pour faire valoir leurs droits, et parfois pour retrouver leur(s) enfant(s).

Soulignons que les discriminations générées par ces codes concernent les femmes étrangères, mais aussi certaines femmes françaises d’origine étrangère.

Des tensions autour du port du voile

La question du voile donne lieu à des situations controversées. Certaines situations renseignent sur des demandes d’autorisation non-restrictive du port du voile, sur des plaintes de stigmatisation et de discrimination à l’encontre des femmes voilées. D’autres situations interpellent sur la progression de la propagande en faveur du port du voile, propagande qui s’accompagne de discours stigmatisant les femmes non-voilées comme étant de « mauvaises mœurs ». Enfin, d’autres situations encore témoignent du désarroi de parents défavorables au voile face à l’attitude de leurs enfants : des filles qui décident de se voiler du jour au lendemain ; des fils qui font pression sur leurs mères et leurs sœurs pour qu’elles se voilent. De tels fait vont souvent de pair avec une exacerbation de l’appartenance religieuse propice au développement des extrémismes.

Accès à l’emploi et à la formation professionnelle

Les statistiques nationales (2011), tout comme les constats des actrices et acteurs sociaux, confirment les difficultés plus importantes rencontrées par les femmes immigrées dans l’accès à l’emploi : 54% des femmes immigrées originaires des pays tiers sont professionnellement actives, contre 66% de l’ensemble des femmes et 77,3% des hommes immigrés. Le taux de chômage des femmes immigrées des pays tiers s’élève à 25%, contre 19% pour les hommes immigrés et 10% pour l’ensemble des femmes. Dans la population active ayant un emploi, les femmes immigrées sont sur-représentées dans la catégorie socioprofessionnelle des ouvrières (1).

Plusieurs situations-problèmes illustrent l’impact des préjugés fondés sur le sexe, l’origine, l’appartenance sociale et le parcours migratoire.

Situation 1

Tant les femmes immigrées et réfugiées que leurs descendantes sont empêchées dans l’accès à l’emploi et à la formation du fait de discriminations fondées sur le faciès, le patronyme et les appartenances culturelles et cultuelles.

Situation 3

De nombreuses femmes, en particulier quand elles sont originaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, sont employées dans des travaux de ménage et de nettoyage ou cherchent à y être employées. Lorsqu’elles ne maîtrisent pas ou insuffisamment le français, elles manifestent souvent une forte demande de formation dans ce domaine. Or, cette demande, comme le constatent les actrices et acteurs associatifs, est loin d’être satisfaite, comme si cette activité était naturelle ou innée.

Situation 5

Les femmes qui se sont mariées très jeunes et qui souhaitent s’engager sur le marché de l’emploi après avoir élevé leurs enfants, ne sont pas suffisamment soutenues, alors qu’il leur est nécessaire d’acquérir des compétences, notamment des compétences linguistiques. Cette absence de soutien est souvent justifiée par leur âge et leur statut familial : on ne les considère que comme des mères.

Situation 2

Il arrive que leurs diplômes et leurs compétences professionnelles soient tout simplement ignorés. Ainsi, une femme francophone, en recherche d’emploi, peut se voir proposer une formation en cuisine collective, alors qu’elle était secrétaire dans son pays d’origine.

Situation 4

Les femmes qui ont un faible niveau de qualification, se voient rarement proposer une formation leur permettant d’évoluer professionnellement, et ce d’autant plus si elles ont déjà commencé à travailler dans des secteurs d’emploi dévalorisés.

Situation 6

Les femmes qui s’engagent dans la création d’entreprises, surtout quand elles sont issues de quartiers difficiles et stigmatisés, ne profitent pas suffisamment de l’accompagnement et du soutien institutionnels.