Penser la mixité dès l’organisation et la planification des activités

S’il est important d’avoir un regard critique et de prendre des mesures correctives pour des ateliers ou cours déjà mis en place et dans lesquels la mixité est difficile voire source de conflit, il est plus efficace d’intégrer les questions de mixité dès les premières réflexions. Ainsi il ne s’agit pas de multiplier les activités en fonction des intervenant-e-s disponibles mais de réfléchir à la façon dont ces activités intéresseront filles et garçons, si elles seront également accessibles, et dans quelle mesure elles permettront un vivre-ensemble autour de valeurs communes.
Pour 3 personnes interrogées sur 10, la mixité filles-garçons dans les activités doit être pensée dès les premières étapes de planification, ce qui implique la prise en compte de certains éléments :
  • les types d’activités proposés : une chargée de projet pour une association d’insertion de personnes migrantes par le sport a expliqué que des activités stéréotypées entrainent une non mixité de fait, et donc un déséquilibre dans les effectifs. Cela est parfois fait sous couvert d’attirer plus de filles, sans réflexion sur la reproduction sexuée des activités de loisirs.  De plus, la façon de nommer les activités peut renforcer ce biais (« boxe » vs « pratique du self-défense » ; « gym bien-être » vs « renforcement musculaire »).
  • les horaires des activités et l’accessibilité : afin de favoriser la participation d’un public varié, et d’inclure la possibilité pour les jeunes femmes, notamment celles ayant en charge des enfants, de venir, il est important d’avoir une réflexion sur les horaires des activités, couplée aux modes de déplacement pour s’y rendre. Dans des associations omnisport, il peut être intéressant de faire coïncider des activités pour adultes avec des activités jeunesse (baby gym, éveil moteur) afin d’occuper les plus petits et d’offrir de facto un mode de garde sécurisant pour les mères de familles. Il arrive également que dans le cas où les jeunes filles ne sont pas accompagnées à leurs activités ou compétitions par un membre de la famille, un système de point de rendez-vous commun peut favoriser leur participation.
  • les besoins spécifiques : selon le but poursuivi par la structure, des groupes en non-mixité peuvent être une option. C’est ce qu’a proposé l’association Kabubu avec son programme Potenti’elles dont les  activités sont uniquement à destination de femmes victimes de violences ou de traumatismes qui sont dans un parcours de reconstruction et qui ont besoin de temps plus privilégié en non-mixité.
La personne interviewée chez Kabubu a par ailleurs souligné lors de son entretien que pour une planification optimum des activités il était essentiel de bien connaitre son public et le territoire dans lequel la structure s’intègre.

Et ailleurs ? L’association Saint-Denis Rides en Seine-Saint-Denis, qui œuvre pour la promotion des sports de patins (blade, roller skate, skate) pour les femmes, a également partagé lors d’un récent colloque que l’organisation des activités en plein air doit prendre en compte la question des vestiaires et des toilettes pour se changer. Les équipements existants peuvent être inadéquats ou peu accueillants pour les jeunes filles.