Avant d’en venir aux constats, à l’éclairage de ces constats et aux pistes d’action, il convient de dresser un tableau de la situation des habitant-e-s des quartiers prioritaires face à la formation, à l’emploi et au chômage, au niveau national et local.
1. CONTEXTE NATIONAL
Qui habite dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ?
Les populations des quartiers prioritaires représentent 7,7% de la population de France métropolitaine. Elles se caractérisent par une moyenne d’âge plutôt jeune (40% de moins de 20 ans, contre 31% ailleurs). Mais comme sur le reste du territoire, le vieillissement est plus marqué chez les femmes que chez les hommes.
Source : Insee, Recensement 2010.
Formation : peu de femmes diplômées
En France métropolitaine, les femmes sont soit très diplômées (diplôme de l’enseignement supérieur), soit très peu ou non-diplômées, alors que les hommes sont surreprésentés au niveau CAP-BEP. Dans les quartiers prioritaires, la part des femmes sans diplôme est plus élevée, avec un écart femmes-hommes de près de 8 points au bénéfice de ces derniers. Non seulement plus d’une femme sur deux (54,9 %) ne dispose d’aucun diplôme, mais elles sont très peu nombreuses à disposer d’un diplôme supérieur. Ces différences sont moins marquées pour les hommes.
Une explication avancée est que les femmes diplômées issues des quartiers de la politique de la ville peuvent quitter leur quartier par les mécanismes de la promotion sociale. Il est également possible que les femmes ayant obtenu un diplôme dans un pays étranger ne le déclarent pas, notamment si elles ne peuvent profiter d’une équivalence reconnue en France.
Conséquence logique : très peu de femmes cadres
Les femmes occupent moins souvent un emploi de cadre ou une profession intermédiaire que les hommes, quel que soit le type de territoire. Mais dans les quartiers de la politique de la ville, la part d’ouvriers est plus élevée et, bien plus encore, la part des personnes sans activité professionnelle, en particulier chez les femmes (18,5 points de plus qu’ailleurs en métropole).
Emploi : des femmes peu présentes sur le marché du travail
En France métropolitaine, la part des femmes actives est moins importante que celle des hommes. Cet écart est encore plus marqué dans les quartiers de la politique de la ville. Dans ces quartiers, on compte 53% de femmes actives contre 67% sur le reste du territoire, avec un écart de près de 16 points par rapport au taux d’activité des hommes des mêmes quartiers (8 points ailleurs). Ces situations touchent plus particulièrement les femmes immigrées ou héritières des immigrations et les jeunes femmes.
Précarité : plus fréquente pour les femmes des quartiers prioritaires
Le salariat est nettement prédominant dans les quartiers de la politique de la ville. Parmi ces salariés, les femmes signent des contrats plus précaires que les hommes et sont donc un peu moins souvent en contrat à durée indéterminée (CDI), comme sur le reste du territoire. Le temps partiel est nettement plus courant chez les femmes, et cette tendance est plus marquée dans les quartiers prioritaires : 24,6 points d’écart en défaveur des femmes. Plus de 33% des femmes salariées sont à temps partiel, contre 10% des hommes (dans les quartiers prioritaires comme ailleurs).
Chômage : les femmes plus touchées
En France métropolitaine, les taux de chômage des hommes et des femmes sont assez proches (autour de 10% de la population active). Dans les quartiers de la politique de la ville, le chômage est particulièrement important : chez les femmes de 15 à 64 ans, le taux est deux fois plus élevé qu’ailleurs ; chez les hommes, c’est trois fois plus. Le taux de chômage relativement plus faible chez les femmes que chez les hommes s’explique probablement par leur retrait pur et simple du marché du travail (à peine plus d’une femme sur deux est active, entre 15 et 64 ans, dans ces quartiers).
Sources : CGET, En bref, n°6, octobre 2015 ; HCEfh, rapport EGAliTER, 2014.
2. CONTEXTE LYONNAIS
À Lyon, les quartiers prioritaires comptent 34 000 habitant-e-s, soit 7% de la population lyonnaise.
Le niveau de formation des demandeurs d’emploi s’y distingue de celui des autres Lyonnais. Hors quartier prioritaire, moins d’un demandeur d’emploi sur trois a un niveau CAP-BEP ou inférieur (32%). Dans les quartiers prioritaires, cette proportion s’élève à 45%.
Hors quartier prioritaire, un demandeur d’emploi lyonnais sur trois est cadre ou technicien (ou assimilé). Dans les quartiers prioritaires, seulement un demandeur d’emploi sur cinq fait partie de ces catégories.
Parmi les demandeurs d’emploi lyonnais, 21% résident dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.
Source : Maison de l’emploi et de la formation, Lyon, 9 juin 2015