Accès à la citoyenneté, espace public, mixité ?

Avant d’en venir aux constats et à l’analyse, il convient de définir ce que nous entendons par : « Accès des femmes à la citoyenneté » « Espace public » « Mixité »

 

Accès des femmes à la citoyenneté

L’accès à la citoyenneté renvoie à la notion politique du droit de cité, à savoir la jouissance de tous les droits de citoyen, de membre d’une cité, avec les privilèges et les devoirs qui en découlent. Si par l’affirmation des droits de l’homme et de l’égalité des droits la révolution française a jeté les bases d’une citoyenneté démocratique, les femmes n’ont pas été reconnues comme membres de la cité. Elles ont longtemps été considérées comme mineures devant la loi et leur accès à la citoyenneté a été très tardif. Rappelons que ce n’est qu’en 1944 que les femmes conquièrent le droit de vote et d’éligibilité.

À cette facette politique de la citoyenneté, il convient d’ajouter une facette tout aussi importante, à savoir la citoyenneté sociale. Celle-ci renvoie aux droits sociaux et à la participation, en tant qu’acteurs et actrices de la cité, dans les luttes qui la traversent. De ce point de vue, les femmes n’ont jamais été moins citoyennes que les hommes.

 

Espace public

L’espace public se définit par opposition à l’espace privé, ce dernier étant traditionnellement considéré comme l’espace de la famille et de l’intime. La non-reconnaissance des femmes en tant qu’actrices sociales a en effet construit un imaginaire collectif dans lequel l’espace public relève du masculin et l’espace privé du féminin. Quand bien même les femmes ont toujours eu accès à l’espace public, que ce soit pour le travail dans les champs ou à l’usine, leur présence dans l’espace public a longtemps été vue comme illégitime quand elle n’était pas conditionnée à leurs devoirs d’épouse ou de mère (aller faire les courses, aller chercher les enfants à l’école, les emmener chez le médecin, etc.).

Lieu de socialisation pour les hommes et les garçons, l’espace public reste encore parfois un simple espace de transit pour les femmes et les filles. Malgré les évolutions positives de ces dernières décennies, cette vision sexuée de l’espace public imprègne encore les mentalités et divers facteurs, socioculturels et politiques, peuvent la renforcer ou l’atténuer.

 

Mixité

La mixité peut être définie par la non-séparation des sexes. Toutefois, elle n’est pas synonyme d’égalité. Un groupe peut être mixte et inégalitaire dans le traitement des individus qui le composent.

Pour aboutir à une réelle transformation des comportements, l’objectif de la mixité doit être articulé à celui de l’égalité filles-garçons. En ce qui concerne ce projet, la question de l’égal accès des femmes et des filles à l’espace public, à la rue, aux équipements municipaux, et de leur participation à tous les niveaux de la vie sociale et politique nous impose de prendre en compte ces deux éléments :

– les études démontrent que les effets positifs de la mixité ne se font sentir qu’à partir du moment où le groupe minoritaire représente au moins un tiers de l’ensemble des participants (soit au minimum un tiers de filles pour deux tiers de garçons) ;

– la question de la mixité contient aussi celle de la non-mixité et de ses implications. Nous distinguons, à tout le moins, trois formes de non-mixité : la non-mixité imposée (par la société, l’entourage, etc.) ; la non-mixité comme repli communautaire sexiste ; et la non-mixité comme outil permettant aux femmes et aux filles de s’organiser et de faire valoir leurs revendications propres. En fonction des situations, les réponses à apporter diffèrent.