Sport et mixité : un exemple éclairant

Les éducateurs constatent que la mixité s’instaure plus difficilement dans les activités sportives que dans d’autres activités. Ce constat concerne spécifiquement le public 12/18 ans. Deux explications peuvent être avancées : une forme de contrôle social sur les adolescentes qui repose sur les représentations sexuées des filles et des garçons ; le contrôle des parents et du quartier.

 

1. Les représentations sexuées, facteur de contrôle social des filles

Dans le sport, la mixité renvoie aux filles une image de « garçons manqués ». Elles ont le sentiment de perdre leur féminité si elles pratiquent des activités sportives avec des garçons. Pour faciliter la présence des filles, les structures municipales développent des activités sportives dites féminines. Les éducateurs constatent que cela ne résout en rien la question de la non-mixité, car, quand ces activités dites féminines sont proposées dans un format mixte, les filles s’y inscrivent nettement moins que si l’activité est non-mixte.

Un exemple : les filles ne participent au foot en salle que si le groupe est non-mixte. Lorsque des sessions mixtes de foot en salle sont organisées, il est rarissime d’y voir des filles.

Cette non-mixité est très forte à l’adolescence. Les activités proposées aux enfants ou aux jeunes adultes sont plus facilement mixtes. Une explication pourrait être que les adolescentes ont un rapport à leur corps différent de celui des jeunes adultes et sont plus freinées à l’idée de s’exposer devant des garçons. À cet âge-là, les filles expriment aussi leur sentiment d’insécurité quand elles participent à des activités mixtes.

À la non-mixité filles-garçons, il convient de souligner que peut s’ajouter aussi une forte non-mixité sociale. Les structures municipales sportives, à tout le moins dans certains quartiers, sont peu ou pas du tout fréquentées par les filles des milieux aisés.

 

2. L’encadrement, facteur de participation des filles

Les filles participent davantage à une activité sportive lorsqu’elle est encadrée et sur inscription. Pour ces « créneaux fermés », il faut passer par une inscription, les professionnel-le-s sont en contact avec les parents et une confiance s’établit avec les familles. Les parents sont alors moins réticents à la participation de leur(s) fille(s). En revanche, les filles sont quasi absentes des créneaux dédiés aux sports de proximité, qui se déroulent sur des terrains en accès libre. Ce type d’activités renvoie en effet une idée de danger, tout le monde pouvant entrer sur le terrain à tout moment, contrairement aux activités sur inscription.

Il a été constaté que la présence d’un médiateur qui contrôle l’accès au terrain facilite la participation des filles.

Face à cette situation, les professionnel-le-s proposent la démarche suivante pour favoriser la présence et la participation sportive des filles :

– se former en interne sur les discriminations et les inégalités ;

– travailler en collaboration avec les travailleurs sociaux, qui sont plus proches des familles, du fait de leur mission ;

– travailler sur la relation avec les familles ;

– renforcer le rôle des médiateurs dans les espaces ouverts pour créer un climat de sécurité propice à la présence des filles ;

– créer davantage de places en créneaux fermés ;

– organiser des tournois mixtes.